HUIT MINUTES DE SPECTACLE


 
    Pour combien d’heures de préparation ?
 
Actuellement, notre société de consommation valorise le « tout – tout de suite », ce qui est totalement incompatible avec toute activité artistique, entre autres.
C’est l’un des problèmes majeurs des artistes actuellement (cf l’article sur le phénomène « star – académy ») et nos enfants « apprentis – artistes » savent que la qualité ne peut venir qu’avec le travail.
Pour un musicien, combien d’heures de répétitions pour bien interpréter un morceau de quelques minutes ?
Le souci est le même pour un sportif : combien d’heures d’entraînement pour quelques secondes de course ou de compétition ?
 
Le travail de fond, que l’on ne voit pas, dont on ne se rend pas forcément compte, est indispensable.
-  Chez l’enfant, en phase d’apprentissage, il va grandement aider à développer des capacités indispensables à son développement harmonieux, pour qu’il devienne un adulte responsable et équilibré  sens de l’effort, de la rigueur, acceptation d’une discipline
« intelligente », du respect des autres, éveil de la sensibilité artistique, de la curiosité intellectuelle…tout un programme d’éducation !
-  Pour l’adulte professionnel, on doit absolument considérer que toutes ces heures passées dans l’ombre constituent un travail de recherche, de préparation, d’entraînement, de répétition … en vue d’une réalisation future. Nier ce temps passé en assimilant un artiste qui n’est pas sur scène à un  « chômeur » me semble une grave dérive pour l’avenir qualitatif de nos représentations culturelles (cf problèmes de l’intermittence) …
La rentabilité n’est décidément pas compatible avec l’art, ni avec l’éducation, entre autres !
 
La réalisation, c’est la phase finale, ce que le public va voir, écouter, aimer ou ne pas aimer, ce que la critique va juger. C’est ce qui est éphémère dans le cas du spectacle vivant, mais qui nous laisse des impressions indélébiles…
 
Il faut apprendre à considérer le travail qui a été effectué pour arriver à la prestation finale.
Il est vrai que des outils techniques très performants permettent parfois, et de plus en plus souvent, de « tricher » : par exemple, représentation d’un chanteur ou même d’un orchestre au complet en « play – back », sans que le public en soit averti ; la qualité va être là, même si le chanteur chante faux ou si les musiciens ne connaissent pas les partitions,  mais où sont la communion, l’échange avec l’artiste ? Qui doit – on applaudir ? Ce sont les techniciens qui ont réalisé le spectacle, les soi – disant artistes n’étant que des figurants… Avec l’ère du « virtuel », ils pourront bientôt carrément rester chez eux…
Les avancées technologiques permettent heureusement une création autre, très riche et diversifiée, mais le public ne doit pas accepter d’être leurré.
 
En tant que parents de musiciens, vous savez qu’on ne peut pas tricher avec le véritable travail de préparation, et que pour offrir
« huit minutes de spectacle » complet – piano, percussions, mime,  danse, chant – vos enfants et les jeunes artistes qui les encadreront vont travailler de nombreuses heures auparavant. La composition de la musique, l’élaboration du texte, l’ébauche de mise en scène ont déjà occasionné quelques heures de labeur … !
C’est le dur « métier d’artiste », qui donne heureusement de nombreuses satisfactions, à condition qu’il soit considéré avec le respect qu’il mérite.
C’est à nous tous d’œuvrer dans ce sens .
 
Brigitte Pras - novembre 2004

A l'occasion de la réalisation du "Voyage Sans Fin" à l'auditorium Maurice Ravel de Lyon en mai 2005

 

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Le travail de l'artiste



Des heures et des heures de préparation pour quelques minutes de représentation... et de bonheur...


Le sens de l'effort



Il va être grandement développé, avec à la clé la joie de la réussite


La réalisation



Elle est le but à atteindre, source de grande motivation

Le rôle de l'éducateur



Apprendre qu'on ne peut pas "tricher" dans le spectacle vivant, et que seul le travail donnera la satisfaction recherchée