Cela peut être une grande joie, ou un énorme stress, suivant les
conditions ! Quel que soit l’âge et le niveau, cela demande une bonne
maîtrise du morceau, et une grande concentration.
- Un travail régulier et une écoute quotidienne permettront d’obtenir la maîtrise nécessaire, en pensant qu’il n’y a pas de « miracle » et qu’une pièce qui n’a jamais été parfaitement maîtrisée en cours, plusieurs semaines à l’avance, le sera encore moins au concert, sauf « coup de chance », en laissant la place au hasard…
Je mets à part le cas des très jeunes enfants -moins de 6/7 ans-, pour qui le changement d’environnement peut être très perturbateur, et qui vont acquérir petit à petit cette maîtrise.
- Une qualité d’écoute de la part du public est bien sûr indispensable, puisque le jeune artiste « offre » sa musique aux autres, il donne une partie de lui – même, en exprimant ses émotions et ses sentiments ; l’inattention, le bruit dans la salle dénotent un manque de respect pour sa personne, très déstabilisateur.
Je rappelle que l’on ne doit pas se déplacer pendant les concerts , que les enfants trop jeunes, qui ne resteront pas tranquilles, ne doivent pas être amenés, ou alors on s’assoit près de la sortie et on sort avec eux entre deux morceaux s’ils ne peuvent plus rester assis.
Je demande aussi aux adultes de rappeler gentiment à l’ordre un petit qui ferait du bruit à côté d’eux sans forcément se rendre compte qu’il gêne (en parlant, avec ses pieds, avec son programme…) ; nous sommes tous éducateurs, et nous savons que ce n’est pas facile pour un parent, parfois seul, de gérer plusieurs enfants en même temps. L’entraide peut être précieuse, et m’éviterait d’avoir à m’occuper en même temps des pianistes, qui ont besoin de toute mon attention, et de la salle.
- L’attitude parentale est primordiale et communicative. Si vous – mêmes êtes stressés, vous allez le communiquer à votre enfant, et il sentira une pression qui risquera de le déstabiliser. Le « trac » n’existe pas avant l’âge de 7 – 8 ans, si votre enfant est « tendu » avant cet âge – là, demandez – vous si vous ne lui communiquez pas vous – même une angoisse de ne pas bien réussir. C’est votre miroir, il a besoin d’une attitude positive et rassurante ; sa vie n’est pas en jeu, il ne passe pas un examen ; même s’il se trompe un petit peu, il ne s’en rendra déjà pas forcément compte, et si ses conditions de travail et d’écoute sont réunies, il va aussi rapidement apprendre à continuer sans reprendre. Maintenant, la fausse note est « humaine », je n’ai jamais entendu de concert de pianistes connus sans erreur ; l’important est plus dans l’échange des sensations que dans la « traque » de la faute !
Quant à l’enfant plus grand, il va apprendre à « gérer » son stress, en se rendant compte que le travail fourni et l’écoute lui donnent des repères précieux, auditifs et gestuels, et qu’il va pouvoir prendre plaisir à offrir sa musique. L’habitude des petits concerts familiaux est là aussi très importante.
Pour un enfant qui n’a pas suffisamment travaillé, cela peut être une bonne occasion de « mettre les pendules à l’heure » et de rappeler qu’un concert ne se prépare pas la veille, ni la semaine avant…
- Les concerts sont aussi des occasions d’échanges et de rencontres. Si vous arrivez en traînant les pieds, parce que vous n’aviez pas envie de venir, ou que c’est une « corvée » pour l’un des parents, ne venez pas ! Comment voulez – vous que votre enfant vous fasse plaisir si vous n’êtes pas réceptifs ? Les concerts doivent être une source de motivation pour les élèves, parce qu’ils vont bien travailler pour bien se préparer, et parce qu’ils vont écouter leurs camarades, des plus grands ou s’attendrir sur des plus jeunes qui vont leur rappeler des souvenirs…
Si des préoccupations ponctuelles vous empêchent de participer pleinement à ces manifestations, vous m’en parlez, et vous n’amenez pas votre enfant, car cela va transformer la fête en épreuve pour toute la famille.
Si vous êtes contre ce genre de rencontres, ou que vous vous en lassez au fil des années, je pense qu’il vaut mieux changer de structure, car c’est une partie extrêmement importante de la méthode que j’enseigne, avec l’implication familiale que vous connaissez.
Heureusement, la plupart d’entre vous sont enthousiastes, constatent les progrès de leur enfant, mais aussi ceux des autres, et leur disent !
Brigitte Pras – mars 2005
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