1 - L’enfant apprend
très jeune
par imprégnation auditive, et par imitation visuelle et tactile, ce qui
respecte sa globalité et entretient sa motivation, contrairement à une
méthode “traditionnelle” où on va lui demander de décoder d’abord un
langage écrit qui n’aura pas forcément de sens pour lui, et sans
connaître le résultat auquel il doit arriver.
2 - Les parents ont une place
prépondérante
dans les apprentissages fondamentaux, le côté affectif est très
important et cette relation triangulaire “enfant - parent - professeur”
est un gage de réussite. Dans la plupart des conservatoires, l’entrée
est tout simplement interdite aux parents, on considère la musique
comme une “matière” enseignée en-dehors de la famille: qui est le
meilleur professeur de langue? L’enseignant, aussi valeureux soit-il,
qui donnera quelques heures de cours par semaine à l’élève avec des
devoirs à effectuer seul, ou le parent parlant une langue maternelle
différente de celle du pays dans lequel vit la famille, et qui va
simplement rendre son enfant bilingue? La méthode Suzuki demande aux
parents de créer cet environnement musical constant et d’être les
“professeurs à la maison” en faisant reproduire quotidiennement ce qui
a été effectué au cours, pour donner ce “bilinguisme musical”.
Maintenant, tout enfant grandit et
évolue, et le rôle des
parents et de l’enseignant consiste aussi à amener l’enfant à devenir
petit à petit autonome.C’est un grand reproche fait à la méthode Suzuki
que de ne pas développer cet aspect très important de l’éducation. Je
pense qu’on s’est lancé effectivement à fond dans l’ exploration des
immenses possibilités pédagogiques dévoilées par ce grand pédagogue, et
qu’un bilan s’impose après plusieurs décennies
d’expérimentation.D’autre part la culture japonaise permettait aux
enfants très jeunes de parcourir tout le répertoire prévu, et d’accéder
ensuite à d’autres moyens d’apprentissage à l’âge correspondant au
besoin d’autonomie.
Chez nous, les enfants progressent
moins vite en général, ce qui n’est
pas un problème en soi, le but étant de former des musiciens accomplis,
ayant développé par la musique nombre de capacités essentielles à leur
vie d’adulte. Mais se pose alors le problème de cet accès à l’autonomie
indispensable pour aider l’enfant à mûrir aussi dans sa vie musicale.On
cite souvent le cas de violonistes, jouant à merveille le fameux
“concerto de Mendelssohn” du répertoire, mais étant incapables de lire
une partition, donc ne pouvant pas accéder à des oeuvres dont ils ne
possèdent pas l’enregistrement, à la musique de chambre, à
l’orchestre... cela paraît en effet aberrant!
- on reproche parfois aussi un
manque d’interprétation personnelle, à
force d’écouter des enregistrements réalisés par d’autres... comparons
ce qui est comparable: le débutant va effectivement imiter le bon
rythme, les bonnes notes, les bonnes phrases musicales... et peu à peu
s’imprégner des styles des différents compositeurs qu’il va étudier
pour arriver à se forger une oreille extrêmement critique et ainsi
pouvoir créer son propre style. On ne peut pas partir de “rien”, et les
nombreuses auditions “inaudibles” auxquelles j’ai assisté dans
différents conservatoires ou centres culturels me le confirment
largement! Combien de grands peintres ont “copié” les tableaux de
leurs maîtres avant de réaliser les leurs, dans leur propre style? Cela
ne me gêne pas qu’un enfant d’une dizaine d’années soit capable de
reproduire le jeu de “Glenn Gould” ou de “Claudio Arrau”... l’aisance
ainsi développée lui permettra de passer au stade supérieur de
l’interprétation personnelle!-
Cette parenthèse, importante,
refermée, reste le problème de donner à
l’enfant les moyens de pouvoir accéder à toute la littérature musicale.
Les enfants n’apprennent pas à lire et à écrire avant de savoir parler,
c’est pour vous et moi maintenant une évidence, par contre ils vont
éprouver à un moment le besoin de savoir lire pour découvrir et
approfondir par eux-mêmes, et de transcrire pour une autre façon de
communiquer. Il ne faut pas “ manquer ce cap” et même le préparer.
Partant de ce constat, après plusieurs années d’études de diverses
méthodes d’éveil et de solfège, et nourrie de mon expérience auprès des
enfants, j’ai relié le tout et monté l'école pédagogique “La Musique
Maternelle”, après mise au point de la méthode "MUSMAT" qui permet de
développer les capacités indispensables à la formation musicale, en
lien avec l'apprentissage instrumental. Les hauteurs des sons, le
tempo, le rythme vont être “sentis” corporellement à partir des
chansons connues. Les différents timbres et intensités vont être
entendus, reconnus et reproduits.Petit à petit, nous allons lire et
écrire, toujours en partant d’un matériel bien connu auditivement et
parfois déjà expérimenté sur l’instrument. Alors nous pourrons aborder
le “solfège” proprement dit, qui permettra le décodage de partitions
inconnues, en étudiant ses signes et ses règles, comme un “jeu de
piste”, en revenant toujours au vécu musical de l’enfant, mais en lui
permettant le déchiffrage et l’accès à tout le monde musical écrit. La
“formation musicale” englobe aussi la découverte d’autres instruments,
d’autres compositeurs, d’autres styles de musique, de la composition...
Avec les extraordinaires
capacités d’écoute, de concentration,
de mémorisation .... développées par l’enfant dès son plus jeune âge
par l’apprentissage de l’instrument dans un environnement adéquat, “La
Musique Maternelle” va lui permettre d’accéder à l’autonomie de façon
également facile et naturelle, avec bien sûr au début la même
coopération parentale. Ensuite votre enfant pourra aussi voler de ses
propres aîles dans le monde de la Musique! Ouf..........!
Brigitte
Pras - Mars 2003